Christophe de Coudenhove est né le 26 juin 1963 à Sisteron dans les Alpes de Haute Provence.

Premières études musicales

Poème électronique de Christophe de Coudenhove
Poème électronique

Fils de parents mélomanes, il fait ses premières études musicales dès l’âge de six ans au Conservatoire de Grenoble. Il y reçoit l’enseignement de Pierre Monchanin en hautbois et joue dans l’orchestre du conservatoire sous la baguette d’Andrée-Claude Brayer.

De 1975 à 1982, il suit ses parents enseignants mutés à l’Ile de la Réunion où il continuera l’étude de son instrument sous la direction du hautboïste Alain Pages tout en se passionnant pour les musiques vocales polyphoniques qu’il découvre dans les chorales auxquelles il participe. Il notera dés cette époque sur partition ses premières compositions, principalement vocales, mais aussi électroniques, notamment un Poème électronique inspiré de l’œuvre du même titre d’Edgard Varèse, pour un synthétiseur-jouet Philips.

Durant le dernier cycle de ses études en mathématiques et techniques, il se passionne pour la programmation en Basic sur les calculatrices en vogue à l’époque : la TI-57, TI-59 et la HP41C. Premiers pas dans le monde de l’informatique portative qu’il approfondira après l’achat de son premier ordinateur, le TI-99/4A, sur lequel il réalise entre autre, des algorithmes qui associent le graphisme et le son dans des compositions aléatoires.

Obtenant un baccalauréat mathématiques et techniques en 1982, il retourne en métropole pour y poursuivre des études de Génie Mécanique à l’IUT de Bourges. Mais se sentant plus proche des structures de Bach que de la construction mécanique, il abandonnera rapidement la planche à dessin pour se consacrer uniquement à la partition musicale.

Etudes supérieures au CNSMDP

Remis à niveau par son frère ainé Daniel de Coudenhove musicien et pédagogue hors pair, il entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de composition de musique électroacoustique de Guy Reibel et Laurent Cuniot, et dans la classe d’histoire de la musique de Brigitte François-Sappey.

Il intègre ensuite le tout nouveau Cursus de Composition mis en place en 1984 par Alain Bancquart au CNSMDP et y reçoit l’enseignement de Betsy Jolas pour l’analyse, de Serge Nigg pour l’orchestration et d’Isaac Sadaï pour l’écriture. Il suit également les cours de musique indienne dispensés par Patrick Moutal.

Dans cette période d’apprentissage, il compose notamment Werther, pour baryton et ensemble, élaboré lors d’une résidence à l’Abbaye de Royaumont avec l’ensemble TMP+ dirigé par Laurent Cuniot, et créé lors d’un Concert Lecture organisé par Radio France en salle Gaveau. Sa Pièce pour treize instruments également composée pendant ses études est créée au Studio 106 de Radio France sous la direction d’Alain Bancquart. Premier mouvement, pour orchestre, composé à la fin de son cursus connaitra dix années plus tard une seconde version qui sera jouée Salle Pleyel par l’Orchestre Colonne.

En 1989, il obtient les Prix de Composition et d’Orchestration. Il se consacre alors à l’enseignement.

Début de l’enseignement et entrée à l’Ircam

Christophe de Coudenhove devant la Station d'Informatique Musicale de l'Ircam
Devant la Station d’Informatique Musicale de l’Ircam

De 1985 à 1994 il est chargé de cours de composition de musique électroacoustique dans les CMFI des universités de Poitiers et de Tours. C’est pour Christophe de Coudenhove une période importante de transmission et de compréhension du phénomène musical dans son ensemble. C’est aussi l’occasion de côtoyer le monde musical des enfants et de leurs maîtres. Il compose à cette époque deux œuvres mettant en jeu des enfants et des professionnels : Une nuit, la lune, pour ensemble de mélissons (synthétiseurs pour enfant) et ensemble instrumental, qui mêlent écriture et improvisation au sein d’une même œuvre, et Le chat, le mal aimé pour orchestre et chœur d’enfants sur un texte de Michel Rotherdam, œuvre cette fois-ci plus traditionnelle, créée par l’Orchestre Poitou-Charentes dirigé par Ernst Schelle et des chœurs de collège.

Entre temps, en 1991, il est sélectionné pour suivre le Cursus d’informatique musicale de l’Ircam où il découvre l’utilisation de l’ordinateur pour la composition musicale et y est initié aux dernières recherches dans les domaines de l’acoustique, de la psycho-acoustique, de la synthèse sonore et des langages de programmation par les nombreux chercheurs et techniciens de l’institut. C’est également pour Christophe de Coudenhove l’occasion de rencontrer les compositeurs Tristan Murail, Magnus Lindberg, Jonathan Harvey, Marc-André Dalbavi, Marco Stroppa et Philippe Manoury, et de pénétrer les mécanismes de leurs œuvres.

C’est à l’issu de ce cursus de composition que Christophe de Coudenhove crée Un coup de dés pour clarinette solo et ordinateur temps réel d’après le grand poème de Stéphane Mallarmé, première œuvre composée pour la Station d’Informatique Musicale tout récemment mise au point par les chercheurs de l’Ircam.

Assistant musical à l’Ircam

Espace de Projection de l'Ircam
Espace de Projection de l’Ircam

De 1992 à 1994, Christophe de Coudenhove devient assistant musical dans le département Production de l’Ircam. Il est alors chargé de créer un lien entre les chercheurs et les compositeurs invités, et d’aider ces derniers dans la réalisation informatique de leurs œuvres. Il a ainsi collaboré à la réalisation de Rêve d’un solitaire de Quigang Chen, de l’opéra Fragments de Marc Monet, de Richiamo d’Ivan Fedele, de La Rosa profonda et de Metropolis de Martin Matalon. Ces collaborations aux multiples facettes esthétiques sont pour Christophe de Coudenhove l’occasion de développer de nombreux algorithmes de transformation du son et de spatialisation écrits en Max sur la Station d’Informatique Musicale.

Il dispense également dans le département Pédagogie de ce même institut des cours de programmation en Max pour les étudiants du Cursus d’informatique musicale.

Professeur de composition et d’informatique musicale au CRR de Montpellier et chef de choeur à Paris

Concert des élèves de la classe de composition et informatique musicale de Christophe de Coudenhove
Concert des élèves de la classe de composition et informatique musicale

En 1994, Michel Decoust lui demande de créer une classe de composition et d’informatique musicale au sein du Conservatoire de Montpellier Agglomération. C’est pour Christophe de Coudenhove un heureux retour à l’enseignement et à la composition. C’est l’occasion de transmettre ses connaissances acquises à l’Ircam, et d’intégrer celles-ci dans son propre travail de composition.

Son enseignement de la composition se base sur une homogénéisation entre le monde de l’électroacoustique et celui de l’écriture instrumentale et vocale, en mettant en avant les relations structurelles et formelles qu’ils peuvent entretenir d’une part, et par une interaction entre leurs caractéristiques propres et une similitude dans la manière de les aborder d’autre part. Christophe de Coudenhove essaie également d’enseigner à ses étudiants la notion de développement musical au niveau algorithmique dans le cadre de ses cours sur le logiciel Max/msp, et d’en montrer les influences possibles sur l’écriture instrumentale.

Plusieurs œuvres mixtes sont créées à cette époque : Nature morte aux instruments, pour 5 instruments et électronique, Bleu, pour harpe électroacoustique, flûte, percussion et dispositif, De la nature humaine, pour clarinette basse et dispositif ; Sonate, pour hautbois et dispositif ; Soleil noir, pour vibraphone et cd.

Il écrit également des œuvres acousmatiques pour la danse contemporaine dans le cadre de sa collaboration avec le danseur et chorégraphe Jean-Pierre Alvarez : L’Annonciation, Djalann-Djalann et Très à l’intérieur résume.

C’est également à Montpellier qu’il crée son concerto pour violon et orchestre à cordes, puis Péripéties pour ensemble de cuivres et orchestre à cordes, et enfin, se souvenant de la forte influence qu’exerce sur son travail la peinture à laquelle il s’est adonné entre 2002 et 2004, un vaste concerto pour deux pianos, chœur d’enfants, instruments à vents et cloche : Un hommage à Salvador Dali, Commande d’Etat en 2008.

En parallèle de ses créations montpelliéraines, Christophe de Coudenhove écrit deux œuvres instrumentales qu’il considère comme marquant une étape importante dans sa production : Matières orchestrales, commande de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, et Rainbow over the chapel, un concertino pour clarinette écrit pour ATMUSICA, Atelier Musical de Touraine. Dans ces deux œuvres, Christophe de Coudenhove estime avoir atteint un équilibre entre intuition et spéculation, entre organisation et improvisation de l’esprit.

Plongé dans les sonorités contemporaines, il n’en oublie pas pour autant ses premières amours musicales : les merveilles du répertoire polyphonique vocal, qu’il dirige entre 1994 et 2002 à la tête du chœur de l’ADAC à Paris.

Professeur de composition au CRD de Bourg-la-Reine/Sceaux

Plateau pour Harpes de toutes couleurs de Christophe de Coudenhove
Plateau pour Harpes de toutes couleurs

Tout en poursuivant son enseignement à Montpellier où il est titularisé en 2004, Christophe de Coudenhove intègre en 2005 le CRD de Bourg-la-Reine/Sceaux où il est responsable d’une classe de composition instrumentale.

C’est lors de plusieurs collaborations avec les classes de harpe de ce conservatoire qu’il écrit des pièces pour harpe électroacoustique destinées aux élèves : Cahier de couleurs, pour harpe électroacoustique solo, Une harpe dans l’autobus, pour harpe électroacoustique et un acteur d’après l’Exercice de style de Queneau, et un spectacle pour harpe électroacoustique, 5 harpes et projection vidéo : Harpes de toutes couleurs.

Pour les deux professeures de harpe de ce conservatoire, Florence Bourdon et Marianne Le Mentec, Christophe de Coudenhove écrit un concerto pour deux harpes et ensemble de jazz, En blanc et Bleue, qui mêle un jeu virtuose sur une harpe classique et une harpe « Bleue », aux rythmes endiablés du jazz.

« Compositeur invité » à la maison des arts sonores – KLANG

Installation de l'acoumonium KLANG
Installation de l’acoumonium KLANG

Depuis 2013, Christophe de Coudenhove est associé à la maison des arts sonores – KLANG à Montpellier entant que compositeur invité. C’est dans ce cadre lors du « Festival KLANG! électroacoustique » qu’il crée en 2015 Métamorphose-Apparition, pour saxophone soprano et support audio.

En 2017, au travers de son oeuvre Scènes pour support audio 6 pistes composée pour ce même festival, il propose une réflection originale sur la notion d’espace, pour laquelle il développe des algorithmes de spatialisation pour le Spat de l’Ircam.

Rencontre avec l’orgue

Orgue de Saint-Gilles de Bourg-la-Reine
Orgue de Saint-Gilles

À partir de 2015, sa collaboration avec l’organiste Béatrice Piertot l’amène à composer toute une série de pièces pour orgue seul, orgue à 4 mains et 4 pieds et à faire des recherches sur l’intégration de l’orgue au sein d’une pièce d’orchestre. Ses recherches aboutissent à la composition de Fusion où l’écriture de l’orchestre est inspirée de l’étude des sonorités et des caractéristiques propres à l’orgue. Viennent ensuite plusieurs pièces pour de jeunes organistes, Swing, Jeu(x), Miroir-Mémoire en 2016, puis Ombre et lumière en 2017.

En 2018, le duo Merlin composé de Béatrice Piertot et Yannick Merlin lui commande une pièce pour orgue à 4 mains et 4 pieds pour le Festival « Orgelsommer » de Lucerne (Suisse) : Suite en forme d’hommages, qui est créée en juillet 2019 sur le grand orgue de la cathédrale.

Orchestre de Marc Calas
Orchestre de Marc Calas

Recherches et expérimentations

Suite à sa rencontre avec la compagnie Marc Calas – Art sonore, Christophe de Coudenhove prépare une collaboration musicale pour sa classe de composition à Montpellier et « l’Orchestre », installation d’immersion sonore imaginée par Marc Calas.

De 2019 à 2021, Christophe de Coudenhove travaille régulièrement avec le hautboïste Laurent Georgel avec lequel il effectue une recherche sur l’utilisation expressive des micro-tons et de certains sons multiphoniques dans l’écriture pour hautbois. Leur collaboration aboutit à l’oeuvre Lamento, pour hautbois solo et diverses formations, oeuvre demandant une grande virtuosité
technique à l’instrumentiste soliste.

En 2020, il expérimente avec le duo Camilla Hoïtenga, flûte, et Héloïse Dautry, harpe, une forme entièrement fondée sur une organisation préalable des durées au niveau des rythmes comme de la structure générale. Cette expérimentation donne le jour à Curled up voices qui est créée à Biefield (Allemagne) en Septembre 2021.