Matières orchestrales – 2003
Commande de Radio France pour l’émission Alla Breve
Tout au long de l’écriture de l’œuvre, j’ai eu des visions physiques, plastiques, picturales, vivantes de la masse sonore orchestrale. Le jeu des volumes, des intensités et des rythmes, combinés aux accords et aux timbres prenaient en moi une réalité concrète : je palpais l’orchestre, je le modelais, je le sculptais et le peignais. Il devenait matière moléculaire vivante, il se faisait chair précieuse, se cristallisait en structures métalliques, en immensité fluide, et en espaces mobiles.
Mouvements de l’œuvre :
- Molécules : c’est la matière en préparation ; en suspend ; les molécules se cherchent, se combinent, mais se séparent. Rien n’a démarré… Tout s’esquisse seulement.
- Chair : matière à effleurer ou à empoigner par surprise ; matière à étirer jusqu’au silence infini ; matière à rire, à se détendre, matière extraordinairement élastique ; matière des sens.
- Métal : le froid métal veiné d’ébène et de palissandre fond dans le creusé de l’alchimiste aux yeux exorbités brillant d’or et de larme de feux. Le plomb tombe mollement sur le bois lisse éblouissant en éclairs d’acier liquide s’épuisant goutte-à-goutte dans la fatalité.
- Mer : Matière lourde comme un animal gigantesque qui embrasse le nageur et dévore le noyé. Matière d’une épaisse transparence verte sombre ; matière bleu nuit des marins perdus ; colère des dieux, larmes du monde, mer des détresses, mer du repos éternelle.
- Espace : La matière comprimée jusqu’à l’excès se libèrera comme un élastique et éclatera en trois dimensions superposées, pour se contracter à nouveau dans quelques secondes d’énergies et disparaître en un mince fil blanc moléculaire.
Nomenclature :
3333-433, perc.(3 ex.), piano, harpe, cordes.
Durée : 11 min.
Création : Emission Alla Breve, France Musique
Par l’orchestre Philharmonique de Radio France, dir. Kirril Karabit